On en a mis du temps à se décider… Une semaine à réfléchir à notre itinéraire…
Reprenons au début…
L’Iran… le bateau et la corruption, le froid, les copains de Dubaï qui nous manquent, les enfants malades, Gaël qui ne dort pas, Ju qui tombe malade à son tour, la fatigue… Grosse perte d’énergie.
On apprend qu’il y a de fortes tensions entre le Pakistan et l’Inde.
Nous nous posons énormément de questions sur la route à venir et tous les inconvénients qu’elle comporte.
Le Baloutchistan à traverser (zone pakistanaise où les talibans ont établi leur camp), l’Inde surpeuplée, les problèmes entre le Pakistan et l’Inde, et à nouveau la galère pour obtenir les visas pakistanais pour le retour. Et oui, il faudra faire tout ça 2 fois. On pense à changer nos plans, partir vers les grands espaces, le Nord, mais il fait froid…
Alors on va se vider la tête, à côté de Kerman, dans le désert de Lut, (Dasht-e-Lut), qui signifie désert du vide.
Vous voyez Polo??? Tout à gauche, infiniment petit …
On est bien… Mais on ne sait toujours pas quelle décision prendre.
Puis sur la route du retour, on traverse ça:
Moral en berne.
Nous passons à nouveau 2 jours à Kerman, et…On se réveille un matin, reposé, on le sait. On file au Pakistan. On remballe tout, on fait des provisions (3 jours de route sous escorte nous attendent, c’est pas le moment que les placards soient vides !), et on allume le moteur. C’est parti !
Ce que je ne détaille pas, c’est qu’on s’est bien rencardés sur la situation au Pakistan et qu’on n’y va pas à l’aveuglette. Si on y va, c’est qu’on peut y aller.
Première étape: Traverser le Baloutchistan Iranien, et dormir à Zahedan, dernière ville avant la frontière. Nous sommes en contact avec Mr Hamid, qui travaille au ministère du tourisme dans la région et qui nous épaulera dans notre passage frontière.
Il nous accompagne là bas le lendemain, nous aide pour la paperasse, tout se passe nickel. Puis nous passons côté pakistanais. Et tout est clair, pas comme à certains postes frontière. Nous sommes directement pris en charge. Vous allez ici, puis ici et enfin là. Une escorte nous attend et nous accompagne.
Ça y est, on est dedans.
S’ensuivent des kilomètres et des kilomètres, avec des levies à nos côtés, à passer les points de contrôle.
Le Pakistan prend soin de nous.
Nous n’avons rien demandé mais des anges gardiens veillent sur nous jours et nuits durant toute la traversée du Baloutchistan…
En arrivant à Dalbandin, premier point de chute, nous avons même droit à une cérémonie rapide mais officielle où on nous remet des casquettes floquées du drapeau du pays ! On est comme des dingues, ça flash en rafale !
3 gardes resteront devant Polo toute la nuit, dans la cour d’un hôtel. Nous passons une partie de la soirée à discuter. Pour eux, il n’y a pas de problème ici, ils nous protègent parce qu’on est étranger et qu’ils veulent prendre soin de nous. Mmm… vraiment?!
Le moindre de nos déplacements, même pour aller faire pipi, est surveillé.. Gaël les rend fou, il court partout….
Nous changeons régulièrement d’escorte, tous les 20 ou 30 kms. Au check point, on relève nos numéros de passeports, et ils prennent une photo de notre famille, parfois de la plaque d’immatriculation de Polo. Nous sommes tracés.
Les armes peuvent impressionner, mais il faut le vivre pour le croire, ces hommes sont d’une gentillesse infinie, l’habit ne fait pas le moine. Les enfants s’amusent beaucoup avec eux. Nous n’éprouvons aucune crainte, c’est même le contraire. Nous passons des moments très fort et nous nous lions avec ce pays qui sourit avec le cœur. Vous l’avez compris, nous vivons un moment extraordinaire malgré ce qui s’y passe et surtout ce qui se dit.
Ca déboussole un peu tout ça ! On s’attendait à du dur, et nous voilà avec le cœur qui fond…
Quetta sera l’étape la plus impressionnante.
Nous y arrivons après 2 jours de route. Nous avons parcouru 700kms depuis la frontière. On nous arrête à l’entrée de la ville, on attend… 4 motards qui encadrent le camping-car, en plus de l’estafette. On traverse à grand coup de klaxonne, tout le monde doit nous laisser passer. Le temps d’une pause pour changer d’escorte, une foule de badauds se crée. Ils sont chassés à coup de matraque. Ça, on n’aime pas.
Nous restons dans la cour d’un hôtel choisi par notre escorte, et n’avons pas le droit de sortir seuls. On atteindra l’apothéose quand Ju veut aller faire des courses, et que 8 motards armés jusqu’aux dents encadrent le pick up dans lequel il se situe, alors qu’il y a déjà 3 hommes en armes à ses côtés. Ça, c’est le côté pas glop du tout, on a vraiment envie de quitter cette ville.
Après Quetta, c’est plus cool, on ne s’arrête plus à chaque Check point, mais on continue de rouler, et rouler encore. Parfois de 9h du matin à 19h le soir, avec peu de pauses. La mécanique est bien huilée, l’escorte suivante est prête à démarrer à notre arrivée, même pas besoin de s’arrêter.
Nous dormons dans un poste de police, puis négocions la fin de l’escorte le lendemain après midi. Fini les armes, on passe à un autre registre !
C’est comment le Pakistan !
Et bien c’est extraordinaire! La population est égale aux escortes! Quand on s’arrête quelque part, la première chose qu’on nous dit, c’est « on n’est pas des terroristes! » Les gens sont inquiets de ce qu’on va rapporter du pays. Que du bon! Ce n’est évidemment que notre avis personnel, mais nous vivons ce moment en famille heureuse. Tous ces moments partagés ensemble nous soudent, c’est très fort.
Pour le reste, nous sommes entrés dans un autre monde. On a déjà l’impression d’être entrés dans un autre monde depuis la Turquie, puis à nouveau en Iran, et encore aux Émirats. Mais là c’est différent. C’est ça qu’on cherchait! Ces sensations là j’entends.
Sur la route, dans les villes, c’est un encombrement de voitures, camions, tracteurs, vélos, motos, tuk-tuk, charrettes tirées par un âne ou un dromadaire. Un vrai capharnaüm! Ça klaxonne, double par la droite, la gauche. On roule à gauche d’ailleurs! Franchement, Ju s’en sort super bien, moi j’oserais pas prendre le volant. Sûre que je renverse quelqu’un et casse Polo.
Ici, ils aiment décorer, ce sont des pros, on appelle ça le « truck art ». Mais il n’y a pas que les camions qui y passent, les tracteurs aussi. Alors Pablo pense à nos copains Yann et Odile (Chevriers de notre village) et veut leurs ramener quelques décos…on verra ça !
Pardonnez la qualité des photos, elles sont prises à la volée, on ne badine pas quand on est sous escorte!
Nous traversons le Pakistan sous la pluie, et le pays se transforme littéralement en marée de boue. Polo s’est fait une couleur, il est marron.
Nous dormons dans une station service. On nous demande si on est terroristes! On n’a pas d’escorte! Mais c’est qui les terroristes!!!!🤣 La bonne blague !
Maintenant que nous sommes libres, nous nous arrêtons dans une station de lavage. Juste à côté d’un espèce de bidon ville. On crée l’attroupement. Les enfants nous encerclent, ils veulent tous être pris en photo, se battent, mais c’est un joli moment. 2 petits blondinets face à une foule d’enfants basanés. Les fillettes sont d’une extrême beauté… si photogéniques!
Les enfants sont quand même méfiants, et Pablo surveille Gaël de près. C’est assez touchant.
Les choses se sont envenimées entre le Pakistan et l’Inde et le risque d’une fermeture de frontière est assez élevé en ce moment, alors nous choisissons de passer en Inde. Nous reviendrons te voir au retour, cher pays, et profiterons mieux de toi, c’est une promesse!
C’est ainsi que nous sommes arrivés en Inde!
EN INDE!!!!! Ouahou! Nous n’en revenons pas d’être là!
C’est comme si nous avions réalisé quelque chose. Mais nous avons réalisé quelque chose! 30 000kms bientôt depuis le départ de Fay, et 8 mois de voyage derrière nous.
L’aventure n’est pas finie bien sûr, mais c’est un cap, et pas n’importe lequel que nous avons franchi!
Asie de l’Est, nous voilà !
Portez vous bien, nous sommes remplis d’amour! Nous vous aimons!
La bise de l’Est !!!
Pour suivre notre itinéraire c’est ici 😉