UNE FAMILLE EN VOYAGE EN RADE AU NÉPAL

Voilà 10 mois qu’ils ont quitté la France, sillonnant les routes du monde à bord de leur vieux camping-car C25 âgé de 30 ans. Julien et Amandine, parents de Pablo et Gaël, 3 ans et 18 mois ont rêvé ce voyage pendant longtemps et ont mis plus d’une année pour le mettre au point. « Réunir la somme nécessaire, acheter le véhicule adéquate, se renseigner sur la paperasse et l’obtention des visas, tracer un itinéraire… assez vague finalement, un voyage se dessine au gré des envies et des rencontres! » raconte le couple.
Leur but, c’était la Thaïlande. Après l’Europe, ils traversent la Turquie et l’Iran, font un crochet par les Émirats et l’Oman, avant de prendre réellement la route de l’Est.
« Le choix du véhicule est important. En plus d’être confortable pour ses usagers, il doit être fiable, facilement réparable. C’est pourquoi nous avons opté pour un vieux moteur diesel. En plus de correspondre à nos goût, c’est une mécanique simple à comprendre et à réparer. Il est aussi plus facile de trouver des pièces de rechange sur ce genre d’engins, similaire au Peugeot J5 ou au Fiat Ducato. Nous souhaitions éviter les problèmes électriques et électroniques des voitures modernes », expliquent Julien et Amandine.
Ces baroudeurs ont rencontré d’autres voyageurs le long de leur route. Quand on se lance dans un tel périple, il n’est pas rare de rencontrer des problèmes mécaniques. « Nos amis allemands Robert et Mélanie ont cassé leur boîte de vitesse au sud de l’Oman, les obligeant à shipper leur van Volkswagen chez eux et rentrer en avion. Andy et Dany, d’autres amis allemands, ne pouvaient plus dépasser les 35km/h. Ils ont roulé comme ça jusqu’en Iran, pays où ils ont pu régler en partie leur problème. Il y a ce couple suisse, qui a été bloqué 3 mois à une trentaine de km de La Paz en Bolivie, à attendre de se faire livrer une pièce. Ils nous avaient confié que c’était la pire expérience de leur tour du monde! »
- Si la mécanique a son importance, le mécano l’est tout autant!
Tomber en panne, c’est déjà pas marrant, mais quand ça n’arrive pas dans le bon pays, c’est pire!
Il semblerait en effet que certains pays soient plus expérimentés que d’autres pour effectuer les réparations. C’est le cas pour la Turquie, où les garages sont concentrés dans une même zone, appelée Sanai sitesi, et jouissent d’une excellence réputation. L’Iran se place en bonne position, problème majeur pourtant, il est impossible de s’y faire livrer des pièces, l’envoi de colis étrangers étant interdit. Les Émirats ne connaissent pas les vieux moteurs, et c’est compréhensible à en juger les luxueuses voitures modernes circulant dans le pays. Chacun préférera éviter la panne au Pakistan, au Baloutchistan en tout cas! L’Inde semble être bien placé aussi Quand au Népal, si tu n’es pas à Katmandou, tu peux vite avoir de gros ennuis.
- Les mésaventures des chats perchés
Chats perchés, c’est le nom de voyageurs de cette famille, chaque groupe de voyageurs ayant son petit nom, en rapport généralement avec son adresse de blog ou de réseau social.
Polo, c’est le surnom de leur camping-car, il semblerait que ça porte malheur de ne pas baptiser son compagnon de route.
« On avait eu quelques petits problèmes, mais rien de dramatique jusque-là », explique le papa conducteur. « Parfois on roule trop, parce qu’on n’arrive pas à trouver un bivouac pour la nuit. C’est ce qui est arrivé ce jour là, on a trouvé une cour dans un village où on nous permettait de laisser le camping-car pour la nuit, il était tard, il fallait prendre un chemin bétonné pour y descendre. Seulement voilà, le cul de Polo a touché. Il a fallu vraiment forcer pour ressortir en marche arrière. »
C’est après ça qu’un bruit rauque se fait entendre lorsqu’il passe la marche arrière ou utilise le frein moteur. Le bruit s’amplifie au fur et à mesure des kilomètres, laissant présager le pire si quelque chose n’est pas fait rapidement.
« J’ai tout de suite pensé à la boîte de vitesse », explique Julien. » Nous sommes à une centaine de kilomètres de Katmandou, c’est là qu’on nous conseille d’aller d’ailleurs, les garagistes avouent clairement qu’ils n’ont ni les compétences, ni le matériel pour résoudre notre problème. On a une application, IOverlander (mine d’or d’information pour trouver des bivouacs, mais aussi et entre autres pour trouver les bons garages-NDLR), où nous trouvons 2 adresses de garages réputés bons. Le premier, spécialisé Land Rover, chez qui nous allons, abandonne l’idée de faire la réparation. Ils nous disent qu’ils ne trouveront pas de pièces de rechange et que c’est trop risqué de démonter. Alors on va chez le deuxième! »
Kishor (nom du garagiste-NDLR), a l’habitude de réparer toutes sortes de véhicules de voyageurs et connaît leur contrainte: le temps. « On ne peut pas se permettre de rester bloquer trop longtemps. Nous avons des dates de visas à respecter, et puis il faut se loger si le camping-car est bloqué, et ça, c’est hors budget! »
Les mésaventures s’enchaînent. D’abord le mécano multiplie les passages à l’hôpital, au moins 2 fois par jour, le matin et le soir. Le temps de travail n’est donc pas optimal.
A cela vient s’ajouter un problème de taille, les vis de fixation du cardan sont comme fossilisées, impossible à sortir. Il faudra déposer le moteur pour accéder à la boîte de vitesse.



« Quand nous avons enfin pu l’ouvrir, il n’y avait rien à signaler au niveau des pignons, des axes et du synchro », affirme Julien. « Faudrait pousser encore, mais à ce moment là, je ne sens pas Kishor en capacité technique d’aller plus loin dans le démontage de la boîte. Lui est convaincu que tout va bien, et moi que ça vient des roulements. Bref, on décide de tout remonter et de faire un essai, on ne sait jamais! » Le test se révèle négatif, sans surprise.
A ce moment là, cela fait déjà 2 semaines que la famille est en attente sur Katmandou. Pour couronner le tout, la santé du garagiste s’aggrave, il doit être hospitalisé quelques jours, qui se transformeront en 10 jours d’absence. « Le problème semble assez grave mais Kishor ne souhaite pas nous dire ce qu’il a exactement, lui tout ce qu’il veut c’est ne pas lâcher son job et finir Polo. On parle quand même de chimiothérapie, alors on pense changer de garage. Il a besoin de repos, et nous que ça avance. »
« Nous passons d’appartements en appartements », nous confie Amandine. « On ne peut pas se permettre d’aller à l’hôtel, on devrait tout le temps manger au restaurant, j’ai besoin de cuisiner pour les enfants. Et puis l’air de Katmandou est hyper pollué, on a du mal à trouver un coin de verdure. Les enfants sont surexcités, eux qui ont l’habitude de vivre en extérieur sont désormais cloisonnés à l’intérieur. Quand on sort, c’est pour être au milieu du traffic. Il n’y a pas de coin tranquille pour eux ici. Le seul point positif, c’est qu’on a eu le temps de faire nos visas indien pour sortir du Népal, et qu’on a pu aller consulter un bon dentiste pour Gaël, qui a eu un abcès à cause d’une dent qui pousse. »


Durant ces 10 jours de battements, Julien a pris la décision de commander les roulements de boîte et de les acheminer au Népal. Indisponible en France, ce sont leurs amis allemands Robert et Mélanie qui ont pu passer la commande depuis leur pays, et attendent réception depuis…une semaine. « On attend encore et encore« , soupire Julien. Après réception, il faudra 3 jours pour une livraison DHL, puis encore environ 2 pour effectuer le changement des pièces.
1 mois déjà dans la capitale népalaise pour cette famille excédée, qui n’a qu’une hâte, reprendre la route!

Un article de A.F pour le magazine CHAT VA ALLER!