La Turquie: acte 2, les copains d’avant

22h, nous sortons d’Iran, et après une bonne fouille entrons en Turquie. Ça aurait pu être simple mais, nous y avons pensé trop tard, notre carte verte n’est plus à jour. Normal après plus d’un an de voyage. Et voilà, on n’entre pas en Turquie sans papiers en règle. Vous pouvez vous garer là pour la nuit m’sieur dame, on résoudra le problème demain.

On est franchement fatigués d’avoir roulé autant ces derniers jours, on ne rechigne pas. Une bonne soupe et au lit!

Il nous suffira d’appeler notre agence d’assurance le lendemain matin, qui nous envoie la carte verte à jour par mail, de montrer tout ça aux officiels et roule ma poule. Roule ma poule, ce ne sera en fait qu’après une ultime fouille pas piquée des vers. Les douaniers veulent même dévisser le panneau solaire sur le toit avant d’abandonner finalement l’idée. Rien à déclarer!

Nous quittons ENFIN la frontière de Sero à midi et entamons la traversée du Kurdistan turc et ses nombreux check point militarisés. La Turquie ne tardera pas à lancer une offensive contre les forces kurdes du nord est de la Syrie. No comments.

On fait un premier stop au lac de Van, le plus grand lac du pays. Nous ne sommes toujours pas reposés de ces jours de route non stop pour sortir d’Iran « à l’heure », et cet endroit s’y prête à merveille.

Ça fait quoi d’être en Turquie? Bizarre. On a apprécié ce pays à l’aller, qui marquait le début de l’aventure. Il représente maintenant la dernière étape avant l’Europe. Europe = fin du voyage, du moins du dépaysement pour nous.

Alors on est déboussolés, et dans notre tête sonne toujours la même rengaine: RETOUR, RETOUR, RETOUR. Difficile de profiter dans cet état d’esprit. Bien sûr nous sommes heureux de retrouver nos proches, nos amis, mais la nostalgie de nos aventures est déjà là. On aime cette liberté, on la chérie, et on n’a pas envie de se séparer d’elle. C’est pourtant ainsi, et dans un voyage, le retour est tout aussi important que le départ et le voyage lui même. En gros, il fait veiller à ne pas rater son atterrissage, et comprenez que pour l’instant notre descente comporte des turbulences.

Comme toujours, on se motive, ici on va se faire plaisir! Il n’y a plus de voile (j’ai moins subi cet aspect là cette fois ci), on s’habille comme on veut (ouais mais le temps est trop frais pour les débardeurs), il y a la mer (trop froide pour se baigner), du vin et de la bière en vente libre (mais ni Mohamed et Leyla ou Soroush et Salim pour partager), des shawarmas (les enfants n’en mangent pas), des régions magnifiques (on a déjà vu),et des copains à voir alors faut se remettre en selle. Mais oui bien sûr, j’exagère.

L’anniversaire de Gaël est tout proche! 2 ans déjà, et plus de la moitié de sa vie sur la route.

C’est ce qu’on appelle un BTT: bébé tout terrain. Ce petit homme là est bien en forme, et aura bien vécu le voyage. On s’était tout de même posé des questions vu son âge au moment du départ (9 mois). Tout est possible. A 2 ans, il est propre le jour et la nuit, et parle comme un grand. Bon, au sujet de la propreté, on ne lui en demandait pas tant! Il nous réveille 2 fois par nuit pour les pipi, un peu fatiguant car il faut ajouter un levé de plus pour Pablo. Pas d’indépendance quand on dort dans la capucine avec un filet de protection. Mais vaut mieux ça maintenant que quand on bosse, non?

Le farniente au lac est de courte durée, notre objectif suivant se trouve à TOKAT. Et croyez le ou non, mais nous sommes presque un an jour pour jour (à un jour près) au même endroit, chez nos amis Arif et Kubra. Nous les avions rencontrés sur le bateau qui nous ramenait de Chypre et avions passé un week-end ensemble.

Un an plus tard, on prend les mêmes et on recommence! Sans Berna malheureusement, qui s’est mariée et habite désormais à Ankara. Le même accueil débordant, la même gentillesse, les bons petits plats de Kubra, et Berfu, Bertug et Élif qui complètent le tableau d’une famille attachante. C’est quand même chouette internet, ça nous a permis de rester en contact tout ce temps. Et le plus drôle, c’est qu’on ne parle pas turc, et eux ne parlent pas anglais. Mais on arrive à communiquer et à se raconter nos péripéties perspectives durant l’année qui s’est écoulé. Et puis ils ont suivi le blog, c’est extra ça!

C’est moins rigolo quand vient l’heure de se dire au revoir le lendemain. On ne peut plus dire « On passera vous voir sur la route du retour. » Les boules. Je range mon mouchoir, et crotte, on va se revoir, un point c’est tout.

Allez, pour la suite on a choisi une destination qui nous avait conquise: la cappadoce. On adore. Et on ne savait pas en y arrivant qu’on allait y passer d’aussi bons moments, le hasard faisant bien les choses.

On s’installe au camping habituel, (y’a une machine à laver! Et une piscine! Vous remarquerez que je place la machine en premier). Et là, on apprend que nos copains belges Maelys et Antoine (rencontrés au garage) arrivent le lendemain! Youpi! Des copains! Ça s’annonce bien!

Farniente, bonne bouffe, piscine et balades dans les vallées roses et rouges, c’est cool.

C’est l’apothéose quand David l’espagnol rencontré au sud de l’Iran, nous rejoint. On se suivait de peu, on le savait, et il est pressé de rentrer alors il avale les kilomètres.

On ajoute à la bonne bouffe et l’apéro un brin de mécanique et voilà, vous avez le tableau. Nous on est content, ça nous remet dans le bain.

Après le départ d’Antoine et Maelys, sur le retour eux aussi, nous restons avec David et reprenons le bivouac sauvage.

Au petit matin (5h), le bruit des montgolfières qui se gonflent nous réveille. Ça fait un sacré raffut! Et quand je mets le pied dehors, appareil photo à la main, je constate que nous sommes carrément encerclés par les montgolfières. C’est un sacré spectacle…joli joli…

Comme on va dans la même direction, nous poursuivons la route avec notre ami David, et faisons halte à Konya. Une journée marrante, où Ju et Pablo deviennent passagers de David, et moi maîtresse de Polo, 2 auto stoppeurs Polonais à mes côtés, qui font rire Gaël à gorge déployée.

C’est un peu la période des imprévus réussis. Tour à tour arrivent, dans ce parking IOverlander, un tas de campeurs à roulettes: allemands, hollandais, français (2 familles) et sud africains, carrément. Tout ce petit monde ou presque à un point commun, l’apéro et le barbecue. Alors plutôt que faire bande à part, on se réunit et on rit, en se racontant un peu chacun nos histoires. Les enfants s’amusent ensemble, tous les ingrédients sont réunis pour faire une bonne sauce.

Le lendemain, on se fera (pas nous directement) enguirlander à cause des bouteilles de vins dans les poubelles, faudrait être un peu moins gourmand monsieur.

La plupart continue leur route, nous choisissons de nous reposer encore un jour en compagnie de David. La famille française reste elle aussi.

On la nomme la Jamel Family. Ils viennent de Marseille, quittent définitivement la France avec leurs 3 enfants pour s’installer en Malaisie, si mes souvenirs sont bons. Ils sont drôles et ont de la ressource, chaque endroit traversé est un potentiel plan pour faire un business, ça fuse dans leur tête. Nos enfants s’amusent bien ensemble, Pablo est aux anges quand il rencontre des copains français.

Nos routes se séparent ici avec David, qui pique droit sur l’Espagne, tandis que nous partons à Pamukkale. C’est dommage, c’est sympa de voyager avec David.

Pamukkale, c’est un peu la déception. J’ai tanné Ju pour y aller, parce que j’avais vu un poster il y a 20 ans dans mon kebab favori de l’époque. En gros, ce sont des sources thermales qui coulent dans des terrasses de travertin (type de roche) blanc, à flanc d’une colline. Sur mon poster, ces terrasses d’un blanc étincelant étaient remplies d’eau. Mais voilà, il y a quelques années, les hôtels ont poussés tout autour, détournant l’eau provenant de la source. Résultat, y’a plus d’eau! Aujourd’hui les hôtels ont été détruits, et le site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, mais il est trop tard.

On choisi d’y accéder par le haut de la colline, en faisant une balade dans les tombeaux de Hierapolis avant d’arriver au site bondé par les touristes amassés dans les vasques, remplies oui, mais de manière artificielle. Les enfants meurent d’envie d’aller patauger alors on joue le jeu.

Oui oui, c’est beau tout de même.

On se tâte à longer la mer Egée mais les grandes villes ne nous tentent pas trop et on craint un tourisme de masse. On préfère filer sur Istanbul. Les grandes villes ne nous tentent pas 😂? Celle là est une exception, on y a nos repères, et surtout un autre rendez-vous. Une surprise pour Pablo… retrouver son ami Éric, avec lequel il jouait sur la plage de Dubai. Nous avions fait la connaissance de Wolfgang et Sandra, autrichiens, l’hiver dernier, lors de notre deuxième passage aux émirats. C’est un peu la fin de l’aventure pour tous les voyageurs que nous retrouvons, eux aussi rentrent à la maison après être allez en Mongolie. Pablo est vraiment content de retrouver son copain. Tout d’un coup il oublie son envie de parler français!

Nous restons quelques jours ensemble à Istanbul, en mode parking cette fois. L’occasion de flâner encore au bazar, dans les rues animées bordées d’échoppes traditionnelles, tout en humant les odeurs d’encens, de charbon à chicha, ou…de kebabs. Un tapis mon ami? Une narguilé? Quel est ton prix! On essaye de faire le plein de cette ambiance colorée et vivante que nous quitterons prochainement.

Car Istanbul, c’est aussi ce grand pont qui relie l’Asie et l’Europe par le détroit de Bosphore, symbole pour nous du retour « par chez nous! ». Vous la sentez la nostalgie?

Bye bye Asie et bonjour Europe.

Voilà, c’est fait, on a passé le cap. Nous sommes en Grèce.

Et vivant 🙃.

Faut dire, plages, soleil, ça aide! On peut encore faire les malins, j’en profite!

Bises à tous!

3 commentaires sur “La Turquie: acte 2, les copains d’avant

  1. Vous êtes beaux !!! C’est le retour mais avec des souvenirs incroyables. Atterrissez en douceur et au plaisir de se voir. Et merci de cette news et de ces belles photos. Bisou bisou

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  2. Hé oui le blues du retour… heureusement y’a plein de bons pinards en France pour noyer tout c’chagrin…allez vous avez la vie devant vous et cette fichue liberté vous allez encore en profiter après, faire encore plein de beaux projets ! Gros bisous d’une égoïste qui est ravie de revoir bientôt vos frimousses. Je serai à maîche a Noël si vous aussi…🎈👍🙏🥂

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  3. Yeah je me rappelle de ce camping en Turquie un super spot !!
    Je ne vais quand même pas vous souhaiter bon courage pour le retour je suis trop jalouse 😀 😀
    Vous avez vécu tellement de choses durant cette année de voyage.. mais vous saurez en profiter davantage ici, on sera super content de vous revoir !

    Bises

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